Interview de Caroline Lapierre et Jérôme Pesenti du réseau « A Elles de Jouer ».
Pourquoi avez-vous créé ce réseau ? A l’initiative de qui ?
Le réseau a été créé par trois collaboratrices de la Française des Jeux (FDJ). Amenées à travailler ensemble alors qu’issues d’entités différentes de l’entreprise (Virginie Guibout Pironneau à la Direction de la Stratégie, Nelly Dutendas à la gouvernance et au pilotage des projets et Caroline Lapierre à la Direction de la Performance), nous nous sommes rendues compte que nous échangions beaucoup, réalisant que nous partagions, à ce moment de nos carrières, les mêmes problématiques, la même demande de conseils. L’idée de partager ces réflexions de manière plus large au sein d’un réseau – d’abord pensé comme exclusivement féminin – a vu le jour. La volonté de la Présidente Directrice Générale, Madame Stéphane Pallez en 2015 de porter les sujets de mixité, d’égalité professionnelle au sein de FDJ a été l’élément déclencheur pour passer dans une phase plus active du projet. Ainsi 2016 fut une vaste année de brainstorming pour savoir dans quelles directions vous voulions aller, comment, avec qui… Au mois de novembre 2016 nous avons réuni une quinzaine de collaborateur.trice.s de FDJ pour leur présenter nos idées, voir leur intérêt pour un tel réseau en interne et les collaborations qui pouvaient voir le jour. Dès lors, l’idée d’un réseau exclusivement féminin a été abandonné. Les sujets et problématiques sur lesquelles nous souhaitions travailler n’étaient pas que féminins mais bien mixtes. Finalement, A Elles de jouer a été lancé en mai 2017. Nous avons donc un peu plus d’un an !
Quelles sont les objectifs de votre réseau ?
Notre motto est « OSER ». Oser se prendre en main, oser avoir confiance en soi… Pour les collaborateur.trice.s c’est un vrai leitmotiv.
Pour FDJ plus globalement, A Elles de Jouer vise deux objectifs principaux. Tout d’abord s’ouvrir vers l’extérieur. LE réseau nous pousse à aller voir ce qui se fait ailleurs, les dynamiques des autres réseaux… Le 2ème objectif est de sensibiliser les collaborateur.trice.s en interne sur les questions d’égalité et de mixité. Nous avons de vrais enjeux : par exemple au sein du pôle technologique, seulement 13% des salariés sont des femmes. La direction cherche des leviers pour équilibrer ces chiffres. C’est d’ailleurs pour cela que le réseau est sponsorisé à la fois par la Présidente Directrice Générale mais également par le Directeur de la filière technologique.
Quelles actions ont été menées ?
Cette année il y a eu beaucoup d’événements avec des intervenants extérieurs, beaucoup de conférences. Il y a également eu des déjeuners littéraires tous les deux mois au cours desquels nous avons partagé nos lectures sur les thématiques relatives . à la mixité ou à des femmes célèbres. Nous avons beaucoup de projets qui devraient se mettre en place dans les mois à venir : des ateliers de développement personnel, un pilote sur le mentorat, des petits déjeuners mensuels…
Comment le réseau est-il organisé ?
Le noyau dur du réseau est constitué d’une dizaine de personnesqui constituent « le bureau ». Ensuite nous rassemblons 70 membres que nous appelons les « players ». L’enjeu de cette année écoulée a été de créer une dynamique avec les players. Jusqu’à présent, nos événements étaient à destination de tous les collaborateur.trice.s du Groupe pour réussir à nous faire connaître, dans l’idée de recruter de nouveaux membres. Pour la fin 2018 et 2019 nous allons essayer de structurer d’avantage le réseau, en proposant des ateliers et des moments d’échangeréservés à nos membres.
FDJ a la particularité d’être sur trois implantations géographiques différentes, nous cherchons des personnes sur les sites autres que Boulogne pouvant être le relai du réseau sur ces sites et y décliner tout ou une partie du plan d’action.
Pouvez-vous me donner un exemple d’une action emblématique et ses résultats ?
Sans hésitation le 8 mars 2018. C’est le jour où nous avons réussi à mobiliser le plus de personnes autour d’une de nos actions. Il fallait reconstituer une énigme en participant à différents ateliers. Sur l’ensemble de la FDJ 60 à 70 % des collaborateur.trice.s ont participé ! Pour la première fois, le 8 mars a moins été un passage obligé mais un vrai moment d’échange et de partage. L’évènement a été construit avec le noyau dur du réseau ainsi que des players. Il y a eu beaucoup d’enthousiasme dans sa préparation et son animation.Nous avons eu des scénettes sur les stéréotypes jouées par des collaborateurs, une conférence animée par une grande reporter de Madame Figaro, l’intervention d’une stand-upeuse racontant les difficultés à être une femme dans ce milieu très masculin… Il y avait plein de formats différents d’action. Le dress code de cette journée était le rouge. De nombreux collaborateur.trice.s, ont joué le jeu en portant une touche de rouge sur leur tenue
y compris le top management !
Avez-vous des collaborations, des projets communs avec d’autres réseaux, entreprises, organisations ?
Pour la deuxième année nous avons participé au « Printemps de la mixité » organisé par Deloitte. Chaque participant avait la possibilité d’inviter dix collaborateur.trice.s de chaque entreprise, c’était une bonne occasion d’échanger et de partager des idées.
Nous nous sommes également rapprochés de SNCF au Féminin. Nous avons organisé une projection du film du réseau SNCF au féminin sur la thématique « oser » dans nos locaux pour les collaborateurs. Ce film est magnifique ! La présidente de SNCF au Féminin, la réalisateur et certaines protagonistes du film étaient présent.e.s. Nous avons beaucoup échangeraprès la projection et nous allonsorganiser des projections sur nos deux autres sites dans les mois à venir.
Par ailleurs nous nous renseignons pour rejoindre des groupements de réseaux, essayer d’être dans une dynamique générale, et pouvoir organiser des événements communs qui permettraient de donner une plus grande ampleur aux thématiques que nous portons. On imagine aussi pour la fête des voisins de l’entreprise nous rapprocher des autres réseaux d’entreprise proches géographiquement pour organiser des rencontres et voir comment nous pourrions échanger ensemble. Des réflexions avec d’autres loteries européennes sont également menées par Marine Egnell (responsable des relations internationales) En somme : on ne manque pas d’idées !
Pour vous quel est l’apport de ce type de réseaux ?
J’entends beaucoup les players dire que le réseau leur permet de prendre confiance en eux. Chacun augmente également son réseau, à la fois interne en rencontrant des personnes avec qui professionnellement ils n’auraient pas eu l’occasion d’échanger, mais aussi en externe avec les autres réseaux et entreprises que nous rencontrons. Cela créé une belle dynamique !
Pour FDJ nous avons toujours eu à cœur lorsque nous pensions ce réseau à ce qu’il favorise la performance de l’entreprise. Des études le montrent : la présence de femmes à des postes de management, la mixité des équipes améliore la performance d’une entreprise. Et puis le réseau permet de toucher l’ensemble des collaborateur.trice.s, contrairement souvent aux politiques internes qui sont principalement pour des directions. Le réseau a vraiment une mission complémentaire aux politiques de diversité « classiques ». C’est la combinaison des deux qui permet la performance de l’entreprise tant pour l’organisation que pour les personnes.
Quelle est votre communication interne et externe ?
Nous communiquons très peu en externe pour le moment. Notre Présidente en parle beaucoup de manière informelle lors de déjeuners ou de déplacements mais nous n’avons aucun plan de communication établit. Le réseau est avant tout au service des collaborateur.trice.s de l’entreprise. Nous disposons d’une page sur le Réseau social de l’entreprise, ouverte à l’ensemble des collaborateurs. Nous y partageons des articles sur l’égalité professionnelle, des sources d’inspiration, les livres des déjeuners littéraires qui nous ont marqué… En parallèle, notre principal outil de travail est ‘teams’ qui nous permet, entre membres du réseau de partager nos travaux, nos planning, nos actions et d’interagir de manière simple et rapide.
Comment êtes-vous financé ?
Nous avons un petit budget donné par l’entreprise. Il est assez frugal donc c’est beaucoup de débrouillardise et d’énergie ! Nous allons demander des ressources supplémentaires pour l’année prochaine. Mais au-delà des ressources financières, le temps alloué par Jérôme Pesenti (chef de projet RH diversité) est un vrai atout. FDJ avait déjà eu des embryons de réseaux mais qui finalement n’avaient pas perduré car personne n’avait de temps dédié pour leur coordination. La présence d’une personne référente est indispensable pour que le réseau perdure. Cela montre un vrai sponsoring de la part de l’entreprise. C’est indispensable d’être soutenu par l’entreprise même si le réseau est indépendant de toute ligne hiérarchique. Nous n’avons aucun rattachement organisationnel ce qui nous laisse une grande liberté pour être force de proposition et d’innovation.